1383 – Maître BERTRAM

1400 – Peinture Flamande

Dans cette Nativité de Charles Poerson  peinte en 1667, le bœuf et l’âne  sont cachés sous un escalier

à droite du tableau…

 

La crèche de Noël : l’âne et le bœuf

 

A côté de la crèche nous sommes accoutumés à voir deux animaux : l’âne et le bœuf. Soit qu’ils se tiennent debout près de l’enfant et semblent l’échauffer de leur haleine, comme dans les plus vieux bas-reliefs ; soient qu’ils restent étendus sur le sol, comme dans la plupart des mosaïques, soit que le peintre d’un âge postérieur ait doucement posé le mufle roux de son bœuf sur les cheveux de la Vierge…

 

La tradition se transmet d’un siècle à l’autre et ne cesse de montrer devant « ce berceau que les hommes vénéreront à jamais, la foi de ces muets assistant, l’hommage de ces rudes adorateurs » (Aurélien Prudence). Pourtant le bœuf et l’âne ne sont mentionnés dans aucun évangile, par contre ils sont évoqués dans l’apocryphes désigné sous le nom de Pseudo-Mathieu : « la Bienheureuse Marie… entra dans l’étable où elle mit son enfant dans la crèche, et le bœuf et l’âne l’adorèrent » (Pseudo Mt 14)

Cependant, bien qu’ils ne soient pas cités dans les textes saints la présence à la crèche du bœuf et de l’âne ont fait l’objet de nombreux commentaires des Pères de l’église dont saint Grégoire de Naziance, saint Ambroise, Saint Cyrille de Jérusalem etc… Car ces deux animaux sont ceux dont parle Isaïe le prophète dans les passages où il annonce la venue du Sauveur et les circonstances de celle-ci.

Ils ont une valeur mystique : « Le bœuf connaît son propriétaire, et l’âne, la crèche de son maître. Israël ne le connaît pas, mon peuple ne comprend pas » (Is 1,3).

 

Les commentateurs de l’évangile ont fait souvent le rapprochement entre cette citation et l’évangile de saint Luc : « Et elle mit au monde son fils premier-né ; elle l’emmaillota et le coucha dans une mangeoire, car il n’y avait pas de place pour eux dans la salle commune ». (Lc 2, 7) 

Le bœuf et l’âne sont les figures de réalités spirituelles. « Le bœuf, dit saint Grégoire de Nysse, c’est le juif enchaîné par la Loi et l’âne, porteur de lourds fardeaux, c’est celui que chargeait le poids de l’idolâtrie ». Selon saint Ambroise l’âne est « la figure des gentils ». Saint Grégoire de Naziance dit : « adore cette crèche où, privé de raison jusqu’alors, tu as été nourri par la Raison même ; connais comme le bœuf celui qui t’a acheté, c’est Isaïe qui te l’ordonne, et comme l’âne la crèche de ton Seigneur ». Ainsi le texte de saint Luc et celui d’Isaïe s’interpellent l’un l’autre et deviennent inséparables.

Saint Ambroise fait cependant la distinction entre les choses visibles et les invisibles, (voir méditation sur la naissance de Jésus) ; la divinité caché de Jésus dans un nouveau-né, la présence idéale de ces deux animaux qui figurent l’humanité juive et l’humanité païenne auprès de Lui. Ainsi, au quatrième siècle, on pouvait reconnaitre encore que le bœuf et l’âne de la crèche n’étaient autre chose que des symboles. Mais peu à peu, on l’oubliera et c’est ainsi que se formera la légende…

 

Peu à peu, la forme dans les représentation de la Nativité l’a emporté sur le fond et on n’apercevait plus dans les sculptures ou les tableaux l’image du Juif enchaîné par la Loi, ni celle du Gentil idolâtre ; mais seulement un bœuf et un âne bien réels et puisqu’on les voyaient, on ne pouvait plus douter de leur existence, de leur présence effective au berceau du Sauveur ; c’est ainsi que les deux animaux ont, à la longue, pris droit de cité dans l’histoire.

Le sentiment populaire sait bien l’importance de ces premiers hommages rendus au « Bon Dieu » par toutes ses créatures, si humbles qu’elles soient, ânes et bergers, bêtes et gens. Et saint François d’Assise qui en 1123 à dans une grotte à Greccio en Italie, réalisa la première crèche vivante, lui qui aimait que les toutes créatures chantent les louanges Dieu et qui, dans tous les êtres, saluait des parents, des fils du même Père céleste, devait se complaire à voir « son frère l’âne et son frère le bœuf » adorer avec lui le doux maître à la crèche de Bethléem.

(D’après René Grousset "le bœuf et l’âne à la Nativité du Christ – 1884)


Le Concile de Trente en 1563 prohibe les représentations du bœuf et de l’âne !

 

Désireux de manifester, en face de la Réforme, plus de rigueur dans l’expression de la foi des fidèles, le concile de Trente a décidé d’épurer certaines croyances fondées sur les seuls évangiles apocryphes. Il en fut ainsi de la présence à la crèche du bœuf et de l’âne. Leurs représentations furent donc proscrites dans les tableaux et sculptures figurant la Nativité, l’Adoration des bergers et celle des mages.

 

Cette recommandation fut "relativement" bien suivie à la fin du 16ème siècle et au cours du 17ème siècle, sauf par quelques artistes inspirés directement par la foi populaire. Ainsi on ne trouve pas, ou presque pas, le bœuf et l’âne chez Rubens, ni non plus chez Velasquez, Zurbaran, Philippe de Champaigne ou Vignon.

 

Mais, avec le temps et sous la pression des fidèles, le bœuf et l’âne réapparurent et, dès le 18ème siècle, accompagnent Marie, Joseph et l’enfant Jésus dans les scènes de la Nativité, en particulier dans les représentations de la crèche.



 

 

 

 

 

26 juillet

Sainte Anne

Mère de la Vierge Marie

Sainte Anne est patronne secondaire du diocèse de Périgueux depuis les guerres de religion parce que la ville en 1581 a été libérée des protestants le 26 juillet.

Wikipédia histoire Périgueux : Les guerres de religion furent plus meurtrières pour Périgueux que ne l'a été la guerre de Cent Ans. La ville est prise le 6 août 1575 par les calvinistes, commandés par Favas et Guy de Montferrand, puis pillée et occupée. Leur stratégie consiste à entrer dans la ville avec des soldats déguisés en paysans. Cette même année, au Puy Saint-Front, la châsse et le reliquaire contenant les restes du saint évêque sont volés, transportés au château de Tiregand où les ossements du saint sont jetés dans la Dordogne. Périgueux reste entre les mains des protestants pendant six ans, jusqu'en 1581, année où le capitaine Belsunce, gouverneur de la ville, se la laisse enlever par le catholique Jean de Chilhaud.

 

Récit extrait du Bulletin de la Société Historique et Archéologique du Périgord -

tome XCVIII - année 1971

 

Périgueux était tombé entre les mains des huguenots en 1575. Les bons catholiques avaient fui la ville et se terraient à la campagne… A ce moment, Jean de Chilhaud, par commission du Maréchal de Biron, commandait en second la garnison de Saint Astier. On les vint souvent escarmoucher, mais les huguenots furent repoussés, ce qui leur fit oublier le chemin. Le grand dessein murissait, celui d’une attaque surprise vers Périgueux. Chilhaud des Fieux, ardent, courageux, décide le seigneur de Montardy, d’Agonac, à se joindre à lui avec sa troupe ; dans l’été de 1581, d’autres gentilshommes des environs promettent leur concours. Laissons la parole au chroniqueur : « Ledit Sieur de Chilhaud avertit aucuns des habitants catholiques de Saint Astier de le venir trouver chez luy, à Andrivaux, d’apporter leurs arquebuses et petrenals couverts sur des chevaux, à quoi ils obéissent et feignant de se promener hors de la ville de Saint Astier, se rendent à petites troupes au dit lieu d’Andrivaux, le 25 juillet, et environ minuit à l’ermitage du Toulon... La suite est connue. L’attaque réussit, et l’on vit apparaitre le sieur de Chilhaud sur le boulevard, lequel était armé de corselet et salade avec une egrette dessus, le pistolet a la main et une épée à l’autre... Les protestants abandonnèrent Périgueux le 26, jour de la Sainte Anne ».

 

Jean de Chilhaud des Fieux est le grand homme du moment : surnommé le père de la patrie, il est élu maire de la ville huit jours après sa libération. Son fils, né cette même année, est le filleul de Messire François de Bourdeille, seigneur évêque de Périgueux. Maire et évêque vont efficacement collaborer à relever la ville de ses ruines. Comble d’honneurs, Jean de Chilhaud est anobli en 1584, puis nommé vice sénéchal du Périgord.

 

Cantique à Sainte ANNE d'Auray :

https://www.youtube.com/watch?v=94Lz58Ov1t8