1430 - Giovanni TOSCANI

1440 - Fra ANGELICO

1460 - Andrea MANTEGNA

1502 - Raphael SANZIO

1648 . Philippe de CHAMPAIGNE

1671 Gerbrand van den EECKHOUT

 1767 Pieter-Jozef VERHAGHEN

 vers 1910 - Joseph AUBERT 

La phophétesse Anne

1631 - REMBRANDT

1180 - vitrail Canterbury

 

 

2 février : Fête de la Présentation au Temple de Jésus

             et de la Purification de la Vierge Marie

 

Extraits de l'Histoire de la Vierge Marie, Mère de Dieu 

par l’Abbé J.J. Bourassé – 1870

 

Chapitre 12  -  La Purification de Marie

 

... Les ordonnances mosaïques avaient pour but de préparer la venue du Messie ; elles ne pouvaient en rien l’atteindre lui-même.

Il en était ainsi de la loi concernant la purification des femmes devenues mères. En vertu de la maternité divine, où les lois communes de la nature avaient été suspendues en sa faveur, Marie n’avait contracté aucune souillure. Elle n’était donc pas sujette au précepte du Lévitique. « Non seulement dit saint Augustin, elle n’avait rien perdu de sa parfaite intégrité, mais encore, en donnant naissance au Verbe incarné, elle avait mis le sceau à l’intégrité parfaite de son cœur. Mais, continue l’illustre évêque d’Hippone, la grâce avait élevée Marie au dessus de la loi, l’humilité la soumit à la loi ». A l’exemple de toutes les filles d’Israël dont la bénédiction céleste avait fécondé le mariage, elle voulut rendre gloire à Dieu en allant au Temple présenter l’offrande accoutumée et payer l’impôt sacré établi pour le rachat des premiers-nés. Elle n’avait pas enfanté secrètement ; ce n’était pas à elle qu’il convenait de prévenir Dieu dans la manifestation des mystères de la conception et de la naissance de son Fils.

On lit dans la loi donnée au Israélites : « Lorsque le temps de sa purification sera accompli pour un fils ou pour une fille, la femme présentera au sacrificateur un agneau d’un an en holocauste, et un jeune pigeon ou une tourterelle en offrande pour le péché, à l’entrée du tabernacle du témoignage, et le sacrificateur les offrira devant le Seigneur, et elle sera ainsi purifiée. Si elle ne peut offrir un agneau, elle prendra deux tourterelles ou deux jeunes pigeons, l’un pour l’holocauste et l’autre pour le péché » Ainsi cette ordonnance prescrivait deux sacrifices : l’un de reconnaissance et d’action de grâces, c’était un holocauste, c’est-à-dire que la victime était entièrement consumée par le feu, pour reconnaître et honorer l’empire souverain de vie et de mort que Dieu possède sur toutes ses créatures ; l’autre était un sacrifice d’expiation pour le péché, selon l’expression de l’Ecriture. Celui-ci rappelait aux femmes la peine infligée à Eve à cause de son péché : « Tu enfanteras dans la douleur », peine qui durant quarante ou quatre-vingt jours tenait toutes les mères dans un état d’humiliation et de pénitence, éloignées du Temple, où elles n’étaient introduites qu’après avoir apporté les deux offrandes légales. A cette considération, il faut ajouter ce que nous enseigne clairement la foi, que les mères mettent au monde des enfants conçus dans le péché.

Chez les Juifs, la loi défendait aux nouvelles mères de paraître an public, de toucher aux choses saintes, de manger la chair des victimes immolées à Dieu et d’entrer dans le Temple. Elles étaient condamnées à demeurer enfermées chez elles, sans se permettre aucune communication extérieure. La cérémonie de la purification les rétablissait dans la jouissance de tous leurs droits.

Dès que le temps est arrivé, Marie quitte Bethléem et se dirige vers Jérusalem, accompagnée de Joseph, son chaste époux, et portant entre ses bras son divin Fils enveloppé de langes. Sous les parvis du Temple ils achètent les deux tourterelles, modeste offrande du pauvre. Personne dans les rues n’avait fait attention à l’humble famille qui marchait silencieusement vers la maison de Dieu, excepté peut-être quelques pieuses femmes, dont la sensibilité ne résiste guère au spectacle d’un enfant nouveau-né et de la délicatesse d’une jeune mère. Mais Dieu avait résolu de manifester la gloire de son Fils à des âmes fidèles et choisies.

Il y avait alors à Jérusalem un homme juste et craignant Dieu, nommé Siméon, vivant dans l’attente de la consolation d’Israël, c’est-à-dire du messie. Il était parvenu jusqu’à l’extrême vieillesse, dans la pratique de toutes sortes de vertus. L’Esprit-Saint lui avait révélé qu’il ne mourrait pas avant d’avoir vu le Christ du Seigneur. Ce jour-là, il se sentit attiré vers le Temple par un mouvement intérieur. Il s’y trouvait depuis quelques instants, quand il aperçut la Vierge tenant un petit enfant entre ses bras. Rien ne la distingue. Le vieillard cependant entend une voix secrète qui lui dit que le Libérateur d’Israël est caché sous ces humbles langes. Il s’approche, et, cédant à une émotion involontaire et soudaine, il demande à la mère de lui confier son précieux fardeau. Alors son regard s’illumine, et, saisi d’un enthousiasme surnaturel, il s’écrit : «  Maintenant, Seigneur, vous laisserez votre serviteur mourir en paix, selon votre parole ; car es yeux ont vu le Sauveur, que vous avez préparé devant la face de tous les peuples comme la lumière qui éclairera toutes les nations, et la gloire de votre peuple Israël ».

Quel touchant spectacle ! Joseph et Marie, dit l’Evangéliste, sont remplis d’admiration. Le vieillard ne peut rassasier ses yeux et son cœur. Il regarde avec attendrissement celui que les prophètes et les rois ont tant désiré de voir, et qu’il n’ont point vu. Le jour du salut, si longtemps et si ardemment désiré, luit enfin sur Jérusalem. Tous ses vœux sont comblés : il ne souhaite plus rien ; il attend la mort sans crainte ; il demande même à présent comme une grâce de descendre en paix dans sa tombe. Puis il remet l’enfant entre les bras de sa mère, en la comblant de bénédictions. Enfin, après un moment de silence, il s’adresse à Marie et lui dit avec un accent triste et prophétique : « Ô mère, voici celui qui est établi pour la ruine et pour la résurrection de plusieurs en Israël, et comme un signe de contradiction ; un glaive transpercera votre âme, afin que les pensées cachées au fond des cœurs d’un grand nombre soient révélées ».

A ces paroles, le regard de marie entrevoit l’avenir. Les douleurs de Gethsémani et du Calvaire lui apparaissent. La mort de son fils sera le prix du monde. Marie ne pouvait avoir d’autre volonté que celle de Dieu ; mais la prophétie de Siméon, comme un glaive à deux tranchants, transperça son âme. Le voile qui couvrait le plus étonnant et le plus douloureux des mystères avait été soulevé devant elle. « Si la puissance de cette Mère généreuse, dit saint Bonaventure, avait égalé son dévouement et sa tendresse, elle n’eut pas balancé un instant à détourner de son fils les souffrances et la mort, et à les prendre pour elle-même ; à la grandeur du sacrifice on reconnait le cœur d’une mère. Et quel cœur avait Marie ! Quel nobles sentiments animaient ce cœur le plus pur, le plus sensible, le plus parfait qui soit sorti des mains

Du Créateur ! » ; « Jamais, dit sainte Brigitte, la Vierge ne perdit le souvenir de la prophétie de Siméon : ce souvenir lui revenait cruellement à l’esprit chaque fois qu’elle regardait ce fils innocent ». C’était pour l’amour maternel un perpétuel martyre, auquel, dit saint Ambroise, elle aurait certainement succombé si elle n’avait été fortifiée par l’Esprit-Saint.

En ce moment survint dans le Temple une veuve fort avancée en âge, nommée Anne, fille de Phanuel, de la tribu d’Aser. L’Ecriture ne nous fait pas connaitre le nom de son mari. Elle avait environ quatre-vingt-quatre ans, et, après avoir vécu sept ans seulement dans l’état de mariage, elle ne s’éloignait plus du Temple, servant Dieu jour et nuit dans le jeûne et la prière. Comme le vieillard Siméon, elle attendait de jour en jour l’apparition du Messie. Une pieuse tradition nous apprend que la vénérable Anne avait pris soin de l’enfance de Marie durant les neuf années que celle-ci passa dans la cloître des vierges. Dans les mystérieux entretiens qu’elle eut sans doute plus d’une fois avec sa jeune amie, elle participa à la surabondance de grâces dont celle-ci était l’objet. Eclairée d’une lumière divine, cette sainte femme, accourant vers Marie, reconnut le Sauveur dans le petit enfant qu’elle serrait contre sa poitrine. Alors elle se mit à publier les louanges de Dieu et à rendre témoignage à sa miséricorde. « Elle parlait de Jésus, dit saint Luc, à tous ceux qui attendaient la rédemption d’Israël ». L’Evangile n’a pas conservé ses discours, mais nous pouvons aisément supposer quelles paroles ardentes, quelles douces consolations elle apporta aux âmes fidèles qui soupiraient après l’avènement du Messie promis à leurs pères. Avec quel entrainement, excité par la foi et naturel aux personnes de son sexe, la prophétesse dut raconter les merveilles dont elle fut le témoin privilégié ! Elle parlait de ce ton inspiré qui opère la conviction dans les âmes bien disposées. Il se trouvait encore parmi le peuple de ces esprits simples et droits dont la candeur fait la sagesse. La bonne nouvelle, déjà répandue par les bergers au milieu des montagnes de Juda, ne tard pas ainsi à pénétrer parmi les habitants de Jérusalem et à s’étendre jusqu’aux provinces les plus lointaines. Cette grande nouvelle trouvait alors aisément écho chez les Israélites : tous savaient que les temps étaient accomplis et que le Rédempteur devait bientôt paraître.

« Ainsi, dit saint Ambroise, des personnages de tout âge, de tout sexe, de toute condition, rendaient témoignage au Messie. Siméon prophétisa ; une vierge et une femme mariée avaient prophétisé ; une veuve devait prophétiser aussi, et cette veuve, c’était Anne, qui par la sainteté de sa vie, le détachement des choses terrestres, par l’oraison, la mortification, la pureté du cœur, la droiture d’intention et toutes sortes de bonnes œuvres, s’était préparée à recevoir la divine lumière, et fut jugée digne d’annoncer aux autres le Sauveur attendu des hommes ».

Marie accomplit strictement tout ce qui regardait la cérémonie de la purification. Les deux tourterelles furent remises au sacrificateur, et pour la première fois, ces deux innocentes victimes offertes à l’autel représentèrent, aux yeux de Dieu et des anges, la pureté virginale unie à l’honneur de la maternité. Pour la première fois la terre était témoin d’une maternité sans tache, et une fille d’Eve n’avait ressenti aucune des suites de la faute de la mère commune du genre humain.

Les époux présentèrent ensuite l’enfant au prêtre, comme premier-né, pour être offert à Dieu, et ils le rachetèrent aussitôt en payant cinq sicles d’argent. Depuis le jour où Dieu fit périr par l’épée de l’ange exterminateur tous les premiers-nés des Egyptiens en une seule nuit, il voulut que tous les premiers-nés des Israélites, tant parmi les hommes que parmi les animaux domestiques, lui fussent consacrés. Cette loi atteignait les fils seulement ; les filles, comme les enfants autres que l’aîné en était exemptés.

Suivant la parole du prophète, ce fut la première oblation pure et immaculée faite dans le Temple de Jérusalem : prémices de cette oblation mystique qui aurait lieu prochainement par toute la terre. Dieu avait en dégoût le sang des béliers et des taureaux. Le Verbe avait dit à son Père : « ecco venio », «  je viens moi-même ». En cette circonstance solennelle, le verbe incarné, posé durant quelques instants sur l’autel de Jérusalem, tendre et innocente victime, s’offrit pour satisfaire à la justice suprême, afin de réconcilier le Ciel et la terre.

 

Dès que la cérémonie fut terminée, la sainte famille quitta secrètement Jérusalem, et reprit le chemin de Nazareth.